D'ailleurs, plusieurs tentatives avaient précédé la réussite de Coubertin.
Les jeux olympiques connaissent quelques timides tentatives de rénovation entre la fin du XVIIIe siècle, époque à laquelle on découvre les ruines des sites d'Olympie, et la fin du XIXe siècle. Citons ainsi l'Olympiade de la République qui se tient à Paris en 1796, 1797 et 1798. Esprit-Paul De Laffont-Poulotti réclame même le rétablissement des Jeux olympiques. Il va jusqu'à présenter un projet à la municipalité parisienne, qui rejette l’idée. Le CIO honora la mémoire de ce visionnaire en 1924. Parmi les autres tentatives, citons les Jeux du Rondeau en Dauphiné à partir de 1832, les Jeux scandinaves (en 1834 et 1836), les festivals olympiques britanniques (depuis 1849) comme les Jeux de Much Wenlock, les Jeux athlétiques disputés à Montréal (Canada) en 1843 et qui sont rebaptisés jeux olympiques pour les éditions 1844 et 1845 et les jeux olympiques de Zappas à Athènes en 1859 et 1870. L'Allemagne tient également un rôle important dans cette rénovation en étant déterminante en matière d'archéologie sur le site d'Olympie et en devenant, très tôt, favorable à la rénovation.
La fédération omnisports française USFSA fête son cinquième anniversaire le 26 novembre 1892 dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne à Paris. À cette occasion, Pierre de Coubertin appelle à la rénovation des Jeux olympiques.
Deux ans plus tard, du 16 au 23 juin 1894, se tient également à la Sorbonne le « Congrès pour le rétablissement des jeux olympiques ». Devant l’absence de réactions à son appel deux ans plus tôt, Pierre de Coubertin parvient à convaincre les représentants britanniques et américains, mais aussi d'autres nations, notamment la Jamaïque, la Nouvelle-Zélande ou la Suède. Plus de 2 000 personnes représentant douze nations assistent finalement au congrès, qui vote à l’unanimité la rénovation des Jeux olympiques. L'autre décision importante prise à l’occasion de ce Congrès est la condamnation des règlements sportifs de certaines fédérations (britanniques notamment) excluant les ouvriers et les artisans au nom d’un élitisme social qui allait à l’encontre des idéaux égalitaires français.
Faut-il pour autant oublier les nations non-européennes comme l'Empire Ottoman qui, cette année-là (1896) organisait sa 535ème édition consécutive du Kirkpinar. Le fait que les grandes puissances modernes choisissent d'organiser leur propre compétition internationale éclipse-t-il tout ce qui existait auparavant ?
Si c'est le cas, le Kirkpinar ne peut être retenu comme compétition internationale de référence que jusqu'en 1895. Et les champions qui ont conquis leur titre de baspehlivan après cette date ne doivent plus être considérés comme les meilleurs du monde.
Gaddar Kel Aliço (baspehlivan du Kirkpinar de 1861 à 1886) et Koca Yusuf (baspehlivan de 1887 à 1895 ou 1897) ne sont pas concernés par cette date butoir. Par contre, Adali Halil (baspehlivan de 1896 ou 1898 à 1913) tombe complètement sous ce couperet. D'ailleurs, comme son prédécesseur Koca Yusuf, après s'être rendu maître du Kirkpinar, il essaya de s'emparer du titre mondial professionnel de lutte en Europe. Là où Koca Usuf réussit (champion du monde de lutte catch-as-you-can-catch professionnelle en 1898 contre l'Etatsunien d'origine allemande Ernest Roeber), Adali Halil échoua ... de peu (vice-champion du monde de lutte gréco-romaine professionnelle en 1901, battu par l'Estonien Georg Hackenschmidt).
Si Adali Halil n'est plus considéré que comme un champion national (certes 16 ou 18 fois vainqueur du trophée ultime dans son pays), il disparaît des listes de champions iconiques où il occupait la deuxième place parmi les combattants sportifs des Temps Modernes entre Gaddar Kel Aliço et Alexander Karelin.
Mais on peut tolérer que deux compétitions de référence co-existent, au moins quelques décennies. En effet, dès 1924, le Kirkpinar deviendra une compétition strictement nationale lorsque l'Empire Ottoman cèdera la place sur l'échiquier mondial à la République Turque.
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