samedi 23 novembre 2019

BEST OF THE BEST - ALEKSANDR KARELIN. WRESTLING MOTIVATION | Russian Bears



Source : https://www.youtube.com/watch?v=6g21jEuHZvs

Aleksandr Aleksandrovich Karelin is a retired Greco-Roman wrestler for the Soviet Union and Russia. He is considered the greatest Greco-Roman wrestler of all time. Karelin won gold medals at the 1988, 1992 and 1996 Olympic Games under a different flag each time (Soviet Union, Unified Team and Russia respectively), and a silver medal at the 2000 Olympic Games. His wrestling record is 887 wins and two losses.

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mardi 10 septembre 2019

Respect - Le discours de Khabib Nurmagomedov après sa victoire contre Dustin Poirier (7 septembre 2019)

UFC 242: Khabib Nurmagomedov and Dustin Poirier Octagon Interviews


The most dominant fighter in UFC history, Khabib Nurmagomedov, moves to 28-0 with a submission victory over challenger Dustin Poirier at UFC 242: Khabib vs Poirier.





Source : https://www.youtube.com/watch?v=Rh8NGE4u4xI

dimanche 1 septembre 2019

Rivalités : Perry Ubeda vs Sakmongkol Sithchuchok : 0-3 et Sakmongkol Sithchuchok vs Jongsanan Fairtex : 3-5

Dans les années 1990, je regardais les performances du Néerlandais Perry Ubeda, poids moyen (1m78, 72-76kg), champion du monde dans plusieurs disciplines pieds-poings.Il a disputé 101 combats dans sa carrière et remporté 78 d'entre eux. Voici ses titres mondiaux :

1995 W.M.T.A. Thaiboxing World Champion -76.2 kg
1996 I.K.B.F. Full-contact World Champion -76.2 kg
1999 I.K.B.O. Kickboxing World Champion -76.2 kg
2000 WPKL Thaiboxing World Champion -76.2 kg
2000 I.M.T.F. Muay Thai World Champion -75 kg
2002 W.K.A. Full-contact World Champion -76.2 kg
2002 W.F.C.A. Thaiboxing World Champion -76.2 kg
2003 W.F.C.A. Full-contact World Champion -76.2 kg
2005 W.F.C.A. Kickboxing World Champion -76.2 kg
2005 W.F.C.A. Kickboxing World Champion -72.5 kg


Mais je me souviens qu'il y a un homme qu'il n'a jamais réussi à battre : le Thaïlandais Sakmongkol Sithchuchok (1m80, 75kg) notamment en 1999 pour le W.M.T.C. world title (fracture du bras); puis encore deux fois en 2000 (disqualification) et 2002 (abandon).

L'article qui lui est consacré sur Wikipédia en anglais parle de 5 titres mondiaux et 3 titres du Lumpinee Stadium. On peut citer ceux-ci : 

1996 ...1999 WMTC Muay Thai Middleweight World
1998 ... 2003 World Professional Kickboxing League (WPKL) Middleweight World Champion 
2009-2010 WKO World Championships (karaté) sous son nom à l'état-civil
Kalek Mongkhon

Le palmarès de Sakmongkol compte 255 combats dont 231 victoires, 4 matchs nuls et 20 défaites. Une série épique de 8 combats l'opposa à son compatriote Jongsanan Fairtex (3 victoires dont 2 par KO pour Sakmongkol et 5 victoires dont 2 par KO pour Jongsanan). 

Voir https://evolve-mma.com/blog/watch-4-of-the-greatest-rivalries-in-muay-thai-history-videos/

samedi 31 août 2019

Rico Verhoeven, roi du kick-boxing (poids lourds)

En 2012, à 23 ans, le Néerlandais Rico Verhoeven participait au "Heavyweight Grand Slam", lors du Dream 18/Glory 4. L'organisation Glory était sur le point de remplacer le "K1 Grand Prix" qui effectuait cette année-là un baroud d'honneur à Zagreb avant de disparaître.

Pour sa dernière apparition sur un ring, son compatriote Semmy Schilt (39 ans) battit Rico en quarts puis remporta le "Heavyweight Grand Slam" (le 31 décembre 2012) contre le Roumain Daniel Ghita tandis que  Mirko "Cro-Cop" Filipovic (38 ans) s'emparait parallèlement du K1 Grand Prix (finale en mars 2013) contre Ismael Londt, du Surinam.

Ensuite, Semmy Schilt ayant pris sa retraite et Mirko Filipovic se consacrant désormais au MMA, la place de champion poids lourds du kick-boxing était vacante.

En octobre 2013, Glory organisa un tournoi intitulé "Heavyweight World Championship Tournament", où furent invités le finaliste  du "Grand Slam" 2012 Daniel Ghita (1m93, 116kg), le Turc Gokhan Saki (1m83, 93kg), meilleur combattant parmi les moins de 100kg, le Brésilien Anderson Silva (1m92, 112kg) et le jeune Rico Verhoeven.  A la surprise générale, Rico Verhoeven battit les deux favoris Gokhan Saki (en demi-finale) par décision majoritaire (controversée) et Daniel Ghita (en finale) par décision unanime.

En décembre 2013, "le prince" Rico Verhoeven fut opposé à une référence du kick-boxing : le triple vainqueur du K1 Grand Prix Peter Aerts; et il s'imposa par décision partagée.

L'organisation Glory lui proposa donc de disputer le titre officiel de champion du monde poids lourds contre Daniel Ghita en juin 2014. Le jeune Néerlandais confirma son succès de l'année passée : victoire par décision unanime. Depuis, c'est bien lui "le roi du kick-boxing" chez les poids lourds.


A l'exception d'un déplacement malheureux en Chine (défaite aux points contre le Biélorusse Andrey Gerasimchuk), Rico Verhoeven (1m96, 118kg) a enchaîné les victoires et les défenses de son titre Glory.
En 2015 :
Errol Zimmerman
Benjamin Adegbuyi (deux fois)
En 2016 :
- Mladen Brestovac
- Anderson Silva
- Badr Hari
En 2017 :
- Ismael Lazaar
- Antônio Silva
- Jamal Ben Saddik
En 2018 :
- Mladen Brestovac
- Guto Inocente

A venir en 2019 : une revanche contre le Marocain Badr Hari (ex-champion du monde des 100kg, deux fois finaliste du K1 Grand Prix, très expérimenté avec 120 combats), annoncé comme son plus dangereux rival.

mardi 20 août 2019

Milon de Crotone, le fort idéal

Par Robert Maggiori

A travers le portrait de l’athlète herculéen de la Grèce antique, vainqueur de sept olympiades, 
Jean-Manuel Roubineau décrit la naissance du sport.

 Coupe attique, peinture attribuée à Euergides. Photo Josse. Leemage

On dit qu’il aurait transporté un taureau sur ses épaules, puis l’aurait déposé sur l’autel, découpé et mangé tout en entier. La statue en bronze sculptée en son honneur par Daméas, il se serait chargé de la porter lui-même, sur son dos, jusqu’au sanctuaire de l’Altis. On raconte même qu’il aurait sauvé de l’effondrement l’édifice où se réunissaient les Pythagoriciens, en remplaçant par son corps la colonne de soutènement qu’un séisme avait ébranlée. Et on peut le croire, car ce géant était l’«autre Hercule». Il avait une telle force dans les mains que, s’il pliait son petit doigt, nul n’arrivait jamais à le redresser, et était capable de briser une cordelette en cuir qui ceignait son front juste en gonflant ses veines.

En réalité, de Milon de Crotone, on ne sait presque rien de certain : le nombre de documents fiables qui sont parvenus jusqu’à nous sont aussi rares ou lacunaires que sont nombreux et emphatiques ceux qui rapportent ses exploits de lutteur et de «terrible mangeur» - transmis par l’historiographie, les arts, la littérature (Rabelais, Shakespeare, Dumas, Hugo…), voire la philatélie (timbre des JO de Paris, 1924). Une chose est sûre, cependant : Milon a été le plus grand athlète de l’Antiquité. Il n’a pas 14 ans quand il emporte son premier titre à Olympie. Il va ensuite gagner, si l’on compte celle qu’il obtint dans la catégorie enfants (pais), sept olympiades de suite, entre 536 et 512 avant J.-C. A son palmarès dans les concours stéphanites (où le vainqueur emporte une couronne, stephanos, pour tout prix), s’ajoutent six victoires aux jeux Pythiques, dix aux Isthmiques et neuf aux Néméens.
Jean-Manuel Roubineau enseigne à l’université libre de Bruxelles et est maître de conférences en histoire ancienne à l’université de Rennes-II. Avec Milon de Crotone ou l’invention du sport, il livre une étude passionnante de bout en bout. Elle recueille, du point de vue scientifique (établissement et confrontation des sources littéraires, épigraphiques, etc.), tout ce qu’il est possible de savoir sur le champion de la Grande Grèce, sur la société dans laquelle il vivait, ses mœurs, ses valeurs, ses coutumes alimentaires. De plus, l’analyse, à travers la figure de Milon, pointe les éléments culturels, idéologiques techniques et comportementaux qui ont donné naissance à ce qui sera le sport, et fait émerger une «culture sportive», avec ses structures et ses institutions.

Vigueur masculine

C’est en 553 ou 552 que Milon naît à Crotone. Située au sud de l’Italie, sur la côte est de la Calabre, Crotone, où se dresse le temple d’Héra Lacinia, est alors un centre très actif. La renommée est due à sa vitalité démographique, à ses succès militaires et aux exploits de ses athlètes. Maints proverbes - dont l’un dit qu’on ne peut trouver «plus sain que Crotone» (Krotônos hygiesteros) - attestent qu’on reconnaissait à la cité une sorte d’excellence sanitaire, de vigueur masculine, de santé physique et morale, et qu’on l’opposait à la proche Sybaris, où régnaient luxure et dépravation (la langue a conservé «sybarite»).

Milon y passe toute sa jeunesse. Fils de Diotimos, il appartient à l’aristocratie crotoniate. Aujourd’hui on dirait que, doté d’un physique imposant, très vite il «fait du sport». Mais il n’existe guère d’équivalent dans le lexique grec. Issu de l’ancien français «desport-disport-déport», le terme «sport» apparaît sous l’Ancien Régime, avec le sens d’amusement ou divertissement, passe ensuite dans la langue anglaise et revient partout vers 1830 dans l’acception anglicisée, désignant les disciplines pratiquées par le «sportman», échecs, turf, pêche, chasse, tir, whist, escrime, équitation… Mais si ce qui qualifie de sportive une activité tient à «sa nature motrice, son caractère codifié, sa mise en œuvre en compétition et son institutionnalisation», on pourra dire que dans les lieux fréquentés par Milon dès 12-13 ans, à savoir le gymnase et le stade, se déroulent des pratiques «sportives» : le gymnase renvoie à la notion d’entraînement (gymnazein, s’exercer) et de nudité (gymnos), alors que dans le stade se déroulent des compétitions (agônizomai, concourir) et des combats (agôn). C’est dans ces deux cadres - préparation et compétition - que «se déploient l’existence athlétique et les succès sportifs de Milon». Succès inouïs, qui, en une carrière qu’il maintient «au plus haut niveau depuis l’âge de 14 ans jusqu’à celui de 40», font du multiple champion olympique de lutte l’«athlète le plus fort de tous».

Gendre de Pythagore

Bien qu’il soit impossible de reconstruire une «biographie» de Milon, on peut néanmoins dire que sa «carrure» n’est pas seulement sportive, mais intègre des éléments philosophiques, politico-militaires et religieux. Qu’il soit ou non devenu «entraîneur» après s’être retiré du «circuit agonistique», il est sûr que, «auréolé d’une extraordinaire gloire», il a continué à fréquenter les gymnases «pour faire bénéficier les jeunes Crotoniates de son expérience et de son savoir-faire». Ce prestige a été aussi le «meilleur des sésames pour l’accès à des charges publiques» : de fait, le lutteur a non seulement eu un rôle politique et culturel, en influençant notablement les décisions des autorités de la cité, mais également une fonction militaire, puisque, glaive levé et peau de lion sur les épaules (dit-on), il a conduit l’armée de Crotone à la victoire contre celle de Sybaris.

Comme l’indique le philosophe Jamblique, Milon est en outre réputé être «le plus notable des pythagoriciens de Crotone». Pythagore, fuyant la tyrannie de Polycrate à Samos, arrive en effet dans la ville calabraise «durant l’été de la première couronne olympique de Milon dans la catégorie adultes», soit en 532. Mathématicien, philosophe, prédicateur, «chaman», il est comme un demi-dieu : la communauté qu’il fonde attire les fidèles - et, parmi eux, le grand lutteur. Difficile de dire si celui-ci a vraiment, en disciple, diffusé la doctrine de son maître. Il est sûr, en revanche, que leur rapport est devenu familial, puisque Milon épouse la fille de Pythagore, Myia. Avec celle-ci, l’athlète aura deux filles. L’une d’elles, dont on ignore le nom, se mariera avec Démocédès, l’un des plus grands médecins de son temps, sinon «la première figure historiquement tangible» de la médecine grecque occidentale. Ainsi, à lui tout seul, Milon devient le foyer où se réfléchissent les «lumières», politiques, philosophiques, médicales, de ce qui va être l’aurore de la pensée et de la science grecques.

S’ajoute le volet religieux : au héros des jeux est de plus conférée la prêtrise au temple d’Héra Lacinia, une fonction importante qui impliquait nombre d’obligations pratiques et rituelles : «Gestion quotidienne du sanctuaire, accueil des visiteurs ou pèlerins, organisation du culte et des sacrifices, etc.». Milon a donc, probablement, exercé ce sacerdoce une fois sa carrière sportive finie.

Récits fabuleux

L’«Hercule de Crotone» ne connut que de très rares défaites : celle qu’il subit de l’Etolien Titormos, dans ce qui peut être considéré comme le premier «épaulé-jeté» haltérophilique de l’histoire, fut cuisante : Titormos n’était qu’un bouvier, mais il réussit à se saisir d’une immense pierre, la poser sur ses genoux, puis la soulever jusqu’aux épaules et la lancer à près de quinze mètres, quand Milon parvint à peine à la déplacer. D’aucuns interpréteront «sociologiquement» le fait, y voyant - ébauche de la «tradition antisportive» - l’opposition entre la «force factice de l’athlète» et la «force efficace du travailleur».

La critique d’«inutilité» accompagne le sport comme une ombre, dès son «invention» - de la même manière que, d’emblée, s’introduisent dans sa pratique non seulement des rituels magiques pour appeler l’aide des dieux, mais, véritablement, des sortes de «dopages». L’alectorie, ou lapis alectorius - à laquelle on ne saurait donner une identité minéralogique - était par exemple très utilisée. C’était une pierre de la grosseur d’une fève, à l’apparence d’un cristal, qu’on trouvait dans le gésier des gallinacés, spécialement du coq, et que l’athlète gardait dans sa bouche. «Milon de Crotone, pour l’avoir portée dans les combats, passait pour invincible», rapporte Pline l’Ancien.

La lecture très minutieuse des textes permet cependant à Jean-Manuel Roubineau de montrer que ce qui paraît contredire ou critiquer la «raison sportive» (Xénophane par exemple, poète et philosophe contemporain de Milon, fustige «la culture de la force» et proclame «la supériorité du savoir sur les performances athlétiques, le premier étant plus à même d’enrichir la cité, mais aussi de contribuer au respect des lois et à l’ordre social»), s’intègre en réalité dans les dispositifs qui participent à l’émergence d’une nouvelle culture, au sein de laquelle explose la «révolution agonistique du VIe siècle». Les sommes inouïes de récits fabuleux qui se développent autour de Milon, des exploits que sa force herculéenne lui permet, de son appétit pantagruélique, ne sont en fait que les agrandissements mythiques ou les hyperboles des pratiques nouvelles qui fixent la figure sociale de l’athlète et «inventent» le sport. Répétition d’exercices codifiés, apparition de l’entraînement, «régulier et progressif», des règles d’hygiène, de la musculation et des soins, d’une diététique adaptée à l’effort, d’une esthétique du corps nu : voilà qui établit une «rationalisation de la pratique sportive, pensée comme une préparation en vue de la compétition», mais aussi une «culture», aussi bien dans le sens culturiste que culturel, d’où émergent les valeurs de la force, de la virilité, de la vigueur, de la santé. De tout cela, Milon est à la fois l’incarnation historique et le symbole, traversant les siècles.

Mais on sait que le fort peut toujours trouver plus fort que lui - un autre homme, une bête, une tempête ou le feu. Le Crotoniate était aussi fort qu’un chêne, mais… Se promenant dans la campagne, dit la légende, il aperçoit un arbre, dont le tronc était partiellement cassé, à la verticale. Pour compléter l’œuvre, il enfile ses mains puissantes dans l’entaille, arrive à l’écarteler un peu, mais le tronc soudain se referme et emprisonne ses avant-bras. Il n’arrive pas à se dégager, malgré tous les efforts. Un lion affamé passe par là, saute sur lui et le dévore.

En fait, il serait mort chez lui, lors de l’incendie de sa maison, à l’âge de 43 ou 44 ans.

Robert Maggiori 
  Jean-Manuel Roubineau Milon de Crotone ou l’invention du sport PUF, 360 pp., 22 €.

Sourcehttps://next.liberation.fr/livres/2016/05/25/milon-de-crotone-le-fort-ideal_1455145